J'avais réussi à trouver un taxi aux abords de Central Park et c'est soulagée que moi et Jack fumes conduits à mon studio, là je lui avais demandé de me suivre, ce qu'il avait fait consciencieusement, complètement concentré sur moi, je levais les yeux en l'air et poussais un soupir, j'étais exaspérée... Je cherchais une solution pendant que nous montions les escaliers qui menaient jusqu'à mon studio, j'insérais la clé dans la serrure, puis une fois rentrée je patientais pour que le 'zombi' me rejoigne, une fois rejointe je refermais. Je restais alors au milieu du vestibule, l'autre me regardait le regard presque vide, je frissonnais, puis je me rendis compte que ce n'était pas Jack le 'zombi' mais les fenêtres de mon studio que j'avais ouverte pour aérer. Je pris le temps de les fermer toutes puis j'allumais la lumière dans le salon, là je demandais a Jack White de s'asseoir sur le canapé, ce qu'il fit en me faisant un sourire, il se voulait rassurant, je le trouvais inquiétant. Je m'éloignais en faisant de grands yeux, je m'installais sur un fauteuil en face de lui et je l'observais, il en faisait de même... Je retirai mes chaussures et les envoyaient valser dans un coin, en général j'étais propre et ordonnée mais la ça m'importais peu, je demandais à l'homme de rester là puis je décidais de me mettre à mon aise, aussi je m'enfermais dans ma chambre afin d'enfiler mon pyjama, un débardeur blanc délavé et un mini short bleu délavé lui aussi... Je m'installais de nouveau sur le fauteuil, ramenant mes jambes contre ma poitrine et j'observais de nouveau le 'zombi' qui n'avait pas bougé depuis tout ce temps. Je réalisais alors que j'avais faim et soif et que peut-être le 'zombi' avait les mêmes besoins que moi... Je fonçais alors dans la cuisine pour ramener une bouteille de Coca ainsi que des restes de pizza que j'avais commandée ce midi et je posais tout ceci sur la table, je commençais à grignoter, me remplit un verre de coca, puis un autre pour l'homme et je lui tendis le verre tandis que moi je buvais à longue gorgées. Voyant qu'il ne touchait à rien je dis:

"Tu peux manger et boire si tu veux... Tu dois être affamé..."

Je plongeais mon regard dans le sien à la recherche d'une quelconque réaction chez l'homme en face, je ne trouvais toujours pas de solutions à mon problème... Comment allais-je libérer cet homme?

Bon au moins il mangeait, rassurée, je me pelotonnais à mon fauteuil le regard perdu, je scrutais le lointain par la fenêtre, il pleuvait et ça me rendait triste, mes yeux se posèrent sur le 'zombi' qui m'observait et ma tristesse ne fit qu'augmenter lorsque je vis qu'il me regardait toujours avec envie. Je fis une moue gênée et reportais de nouveau mon regard sur la ville qui s'étendait au loin. C'était différent de Sacramento... Il faisait en moyenne bien plus chaud dans mon ancienne ville mais en y réfléchissant cela ne la gênait pas... Cela faisait quelques mois que j'étais ici mais finalement je m'étais habituée et j'appréciais presque ce micro-climat new-yorkais... Le plus dur dans mon emménagement c'était la solitude... J'avais bien tentée de contacter mes anciennes amies mais visiblement elles avaient changées de numéros ou bien elles avaient décidées de rayer de leurs vies ma présence... Je tremblais en observant le vent balayer quelques feuilles mortes. Je restais ainsi pendant un petit temps puis, instinctivement, mon regard se posa sur Jack.

Celui-ci était bizarre, je voulais dire par là qu'il n'était plus le zombi total comme tout à l'heure, non, il y avait quelque chose qui se passait, qui avait effet sur lui, il changeait... Je regagnais un peu d'espoir, toujours dans ma position favorite je l'observais tandis qu'il se transformait, timidement je demandais:

"Mr. White? Vous m'entendez?"

J'étais concentrée sur le visage de l'homme, fixant intensément chaque réaction qu'exprimait son visage, une grimace s'étala sur mon visage et je décidais d'insister:

"Mr. White? Vous êtes chez moi, dans mon studio... Vous vous rappelez Kelly Atwood?"

Puis je pensais avec ironie qu'il aurait du mal à m'oublier après tout ce qui venait de se passer... Mon Dieu il y avait de quoi désespérer...

Il semblait que l'homme redevenait lui-même... Je fus soulagée de voir qu'il commençait peu à peu à me regarder autrement qu'avec l'air d'un fou, lorsque celui-ci brisa l'objectif de son zoom je plaquais mes mains devant ma bouche et retint un cri alors que l'homme s'énerva, je me décidais à prendre la parole sur un ton qui se voulait apaisant:

"Vous ne me dérangez pas du tout... Mettez vous à votre aise maintenant que vous allez mieux... Je pense qu'il vaut mieux parler de tout ce qu'il s'est passé ce soir afin de faire le point..."

En tant qu'étudiante en psychologie je savais parfaitement que ce qu'il venait de vivre était une expérience très choquante et qu'il fallait qu'il vide son sac sinon son corps allait protester... Je fixais ses yeux et poursuivis:

"Pour commencer parlez moi un peu de vous Mr. White..."

Je restais concentrée en attendant que celui-ci me parle.

Après avoir écouté ce que l'homme me confiait je joignis les mains pour former une sorte de triangle, passais quelques minutes ainsi puis me pinçais l'arête du nez. Je fixais Jack et décidais d'en venir droit au but:

"Mr. White, lorsque vous m'avez touché vous avez été victime d'un phénomène surnaturel hors de mon contrôle, il se peut que cela vous ait perturbé... Aussi je vais vous demander de vous détendre... Vous allez faire le vide d'émotions et vous allez me répondre calmement... Quel effet à eu mon pouvoir sur vous? Comment l'avez vous vécu?"

Je lui lançais un regard implorant qui se voulait pourtant encourageant, accompagné d'une grimace, puis je soupirais et pour montrer l'exemple je me composais un visage serein. Je l'invitais alors à commencer.

"Et bien oui c'est possible apparemment..."

Je pris un des journaux du Times, celui d'aujourd'hui, et le tendis à Jack, lorsque celui-ci le prit en main, il pouvait lire en gros titre:

LA MENACE MUTANT?

sous titré par:

Aujourd'hui après les nombreux phénomènes étranges observés à Central Park, beaucoup de personnes déclarent posséder une aptitude supra-normale. Le gouvernement a décidé d'appliquer des mesures extrêmes afin d'endiguer le problème que des êtres paranormaux pourraient poser...

Je fixais l'homme avec un regard empreint de tristesse et je déclarais:

"Je crains que le monde tel que nous l'avons connu ne change... Il y a effectivement des choses étranges qui se passent et j'en fais partie... Je suis certaine que vous avez été choqué par ce qui à du se passer, aussi je tiens à m'excuser... Sincèrement..."

J'étais très gênée par tout ce que pouvait provoquer mon pouvoir...

"Vous me demandez des choses dont je suis incapable de vous formuler les réponses... Cependant j'imagine que d'autres personnes sont dotés de pouvoirs surement bien plus puissant que les miens! Imaginer quelqu'un capable de lire dans mes pensées ou un autre capable de déplacer les objets grâce à la pensée me terrifie... Je n'aimerais pas être la cible de tel pouvoirs... Oh! mais je manque à tout mes devoirs! Voulez vous quelque chose? Thé? Café? Chocolat chaud? Ou quoi que ce soit dans le genre...? Je suis désolée je suis vraiment tête en l'air en ce moment je dois avouer que tout ce que j'ai vécue m'a perturbée dernièrement..."

Je baissais la tête en espérant que je n'allais pas rougir, je fixais consciencieusement la moquette afin d'essayer de déceler une quelconque trace de saleté qui aurait permis d'esquiver son regard, hélas je me souvins que j'avais nettoyé ce matin, c'est alors que je me souvins que mon chat devait être enfermé dans ma cuisine je m'excusais donc auprès de Jack et allait ouvrir à mon petit 'Sigmund' qui se lova dans mes bras, je l'amenais dans le salon et le posais sur Jack. Celui-ci commença à renifler délicatement l'homme et fis un clin d'œil complice à Jack et reprit en plaisantant:

"Personne ne peut échapper à la fouille de mon petit 'Sigmund', c'est un animal très sympa... Vous aimez les bêtes?"

Je me posais de nouveau dans mon fauteuil comme à mon habitude.

Je disparus dans ma cuisine quelques instants dans la cuisine puis je revins avec deux tasses bien chaude de chocolat chaud, je tendis l'une à Jack qui la prit et je commençais à boire une gorgée du liquide chocolatée, il était brulant mais c'était mieux ainsi, pelotonnée à mon fauteuil je sondais le visage de Jack White et au bout d'un moment je choisis de reporter mon attention sur Sigmund qui dormait en ronronnant paisiblement. Un instant passa où le silence était roi, puis je me décidais à prendre la parole:

"Vous m'avez dis avoir beaucoup de travail..."

J'hésitai et laissais ma phrase en suspens puis je ramenais mes jambes en arrière, on aurait pu croire apercevoir la petite sirène en voyant la pose que j'avais prise, je passais ma main dans mes cheveux afin de dégager ceux qui me barraient le champ de vision puis je repris:

"Quel genre de travail un homme d'à peine la trentaine pouvait-il bien accomplir chez lui pour négliger son entourage et surtout se négliger lui-même? Est-ce vraiment ce livre que vous écrivez qui vous obnubile à ce point?"

Je passais un instant mes yeux piégés dans les siens, ma respiration s'était accélérée soudainement alors je détournais mon regard, incapable de garder une position plus de cinq minutes j'étendis mes pieds afin de les poser sur ma petite table de salon, ce n'était certes pas très convenable lorsqu'on avait un hôte mais la fatigue me faisait penser différemment. Un sourire aux lèvres je déclarais:

"Je veux absolument tout savoir sur la vie de Jack White! Ce qu'il aime ou ce qu'il déteste, tout!"

"Oooooh... Ne dites pas n'importe quoi!"

Je hochais la tête négativement, je soupirai, me levais et prit place à coté de lui:

"Vous méritez autant d'attention que n'importe qui Mr. White... Je pense que vous êtes quelqu'un de bien... Vous vous sous-estimez beaucoup trop! Vous êtes un être humain aussi vous méritez qu'on vous prête attention..."

Je pris sa main qui commençais à se réchauffer et je l'examinais, on voyait qu'elle était bien trop souvent utilisée, usée par les claviers et les stylos, il y avait quelques taches d'encre mais c'était tout. Je relâchais précipitamment celle-ci, mais qu'est ce que je faisais moi? Je prenais la main d'un presque inconnu qui était tombé amoureux de moi après m'avoir serré la main! Je devenais folle?! Je le toisai puis je me remis à ma place et proposait:

"Il est très tard, 23h30 il me semble... Je vous propose de dormir ici plutôt que de risquer votre vie en prenant les transports en commun, je m'esclaffais et repris, vous pourriez dormir sur le divan comme ça je me sentirais en sécurité, je dois avouer que depuis que j'ai lu l'article sur la menace mutant, j'ai un peu peur..."

"Oh et bien j'en suis ravie alors!"

Il y avait toujours cette désagréable impression qui venait de réapparaitre et elle se rendit compte qu'elle l'avait touché, une larme perla sur ma joue, pourquoi? Pourquoi une telle malédiction? Je ne pouvais vivre ainsi, c'était inhumain... Tout d'un coup je me dis que le gouvernement avait surement raison, peut-être que je devrais me livrer... Résolue je décidais de demander quand même si Jack avait quelques besoins:

"Avez vous faim? Soif?"

Il répondit par l'affirmative et commença à manger une nouvelle part de pizza, il avait l'air d'aller mieux, visiblement la pizza semblait avoir un effet sur lui...
Je me jetais sur mon fauteuil et enfouis mon visage dans mes mains, complètement honteuse je sanglotais. Je n'étais qu'un monstre... Ma vie valait-elle le coup d'être vécue?

"Ne...me...touchez...pas..."

Je parvenais à articuler ces quelques mots entre mes sanglots, cela avait été dit sans agressivité, d'une voix ou le désespoir perçait. D'une voix chevrotante je repris:

"Je ne suis qu'un monstre, une abomination, je devrais me livrer immédiatement au gouvernement, il pourrait faire quelque chose d'utile de moi peut-être ou alors ils pourraient en finir avec la menace que je représente... Aucun homme ne peut me toucher sans tomber automatiquement sous mon charme, quelle malédiction! Je suis condamnée à rester à une certaine distance de ceux qui pourraient me protéger..."

Je replongeais ma tête dans mes mains, toujours en pleurs, je ne voulais pas m'arrêter, je voulais que Jack me prenne dans ses bras et me dise que sa irait, que ce n'était qu'un mauvais moment, que sa passerais, mais il ne pouvait rien faire de tout cela...

Je frottais mes yeux afin d'oter les larmes, une partie de mon maquillage, car je n'avais pas eu le temps de me démaquiller, coulait abondamment, tremblante, j'eus une idée, je laissais Jack en plan puis allais me passer un peignoir, j'enfilais des gants puis, une fois revenue au salon, je me jetais dans les bras de ce dernier, je me reculais aussitôt après quelques minutes passées ainsi je me reculais afin d'observer la réaction de Jack, à part la curiosité qui animait ses traits par rapport à ce que je venais de faire. Mon pouvoir avait été contré!!! Complètement heureuse je sautais sur place en criant "YOUPI!!!", d'ailleurs j'avais surement l'air d'une folle mais tant pis. Je me réinstallai dans mon fauteuil et, observant Jack, je dis:

"Bon et bien maintenant nous savons que seul un contact peau contre peau entraine le petit problème qui me concerne... Je suis soulagée... Que voulez vous faire à présent?"

"Nous pourrions... Regarder un DVD? Danser? Euh je dois avouer que je ne reçois pas souvent donc je ne sais pas trop quoi faire... Si vous voulez on peut sortir je peux me rhabiller très rapidement!"

Je ponctuais la fin de ma phrase par un petit clin d'œil, puis je pris place dans mon fauteuil, pelotonnée, il commençait à se faire tard et je baillais. Je me secouais et dis:

"Un petit DVD sa vous tente? J'ai le dernier King-Kong, celui de 2005 réalisé par Peter Jackson, il est vraiment très bien et puis on est un peu concernés par ici par ce film..."

Je jetais un regard amusé par la fenêtre vers l'Empire State Building et le pointais du doigt afin de le montrer à Jack

J'avais inséré la DVD dès que Jack accepta puis pris place sur le canapé à ses cotés, Sigmund sur mes genoux, je regardais le film avec toujours la même curiosité qui m'animait, le film était véritablement bien filmé, le scénario était incroyablement bien fait, je caressais délicatement mon chat, lui gratouillant le dessous de son museau, passant mon doigt sur son petit nez. Jack semblait complètement concentré sur le film et c'était étrange de le voir comme ça, certes je ne le connaissais pas depuis longtemps mais le voir ainsi, passionné par le film était très...captivant!

Cette fois-ci je sentais que la fatigue s'emparait de moi, j'avais beaucoup de mal à tenir mes yeux complètement ouverts, dans la TV le personnage principal se débattait avec un espèce de criquet géant, je frissonnais, je n'aimais pas vraiment les insectes... Je perdis la lutte et je m'endormis profondément.

La tête de Kelly bascula et vint de poser sur l'épaule de Jack, il n'y eut aucun contact peau contre peau, Kelly dormait profondément et elle semblait apprécier de dormir dans cette position.