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Bon, d'accord, ça faisait hyper cliché, le japonais à New york, appareil photo à la main. Mais j'adorais tapisser mes murs de photo, il fallait donc, irrémédiablement, que j'en prenne. D'une main, je tenait donc mon appareil photo professionnel, et de l'autre je tenait la sucette à l'orange dont je me délectais. Ma drogue à moi, dirons nous. Après avoir une fois de plus, pris une photo du ciel pluvieux, je décidais que j'étais peut-être assez trempé comme ça. Je m'engouffrais donc dans une boutique de vêtement et décidais de faire un tour rapide des lieux. Je marchais lentement dans les rayons en tentant, grâce à mes souvenirs du taux de change des dollars, de comparer les prix par rapport à ceux du Japon. On pouvait dire que les américains ne se refusaient rien en matière de bénéfice ! Je saisis une casquette et l'essayait. Tout m'allait de toute façon, me dis-je en me dirigeant vers un miroir pour admirer le rendu.

J'avançais nonchalamment les mains dans les poches arrières et cela me donnait l'air d'être un mannequin sur un podium, je souris en pensant que mannequin était effectivement mon métier et que ce que je faisais était naturel pour moi. Il pleuvait. Mais la pluie ne me gênait pas outre-mesure, elle permettait de me rappeler ma condition d'humain, que je n'étais pas au dessus des autres, et qu'il fallait toujours que je me dépasse. Je posais mon regard sur les vitrines, mais le plus souvent celui-ci s'égarait sur les formes des jeunes femmes alentours, lire dans leur pensées était un petit plus que j'avais reçu et qui me permettait de savoir ce que les femmes attendaient... Sondant les esprits comme à mon habitude j'égarais ma pensée dans l'esprit d'un homme, grand, typé très asiatique, immigré japonais a ce que je lisais... Intéressant... Il contrôlait le vent, il a tué sa mère d'ailleurs en usant de ce pouvoir...
Je décidais de l'aborder, je le trouvais au premier abord ridicule avec son appareil photo, une vraie caricature!
Détendu je dis:

"Excusez moi, auriez vous l'heure s'il vous plait?"

Je levais les yeux de mon reflet et me tournais vers l'inconnu qui venait de m'aborder. Grand, blond au yeux bleu, le typique de l'américain, au ton suffisant. J'éclatais de rire devant son air suffisant. Mon dieu ce que les américains pouvaient être laids parfois !

"Non, je n'ai pas de montre" répondis-je simplement en le regardant d'un air méfiant, car il me semblait que cet homme se fichait de l'heure comme de l'an quarante. "Mais si vous jetez un regard un peu au dessus de moi, sur le mur, vous verrez une horloge. J'imagine que vous savez lire l'heure tout de même ?" Je remettais ma sucette dans ma bouche et fis une mini-courbette avant d'aller reposer la casquette que je venais d'essayer.

C'était donc un sale petit prétentieux... Et qui plus est il ressemblait à tout les japonais... Bref je ne m'attardais pas dans les pensées d'un élément aussi peu doués et je décidais de faire tourner court la conversation, je me frappais la tête en me donnant un air idiot, un peu condescendant puis me décalant vers l'arrière je regardais l'horloge, bien entendu comme il l'avait deviné je m'en fichais. Après un examen attentif de l'heure, je saluais la 'caricature' en le remerciant de m'avoir si gentiment indiqué où je pouvais trouver l'heure et repris mon chemin, ce fruit n'était pas mur... Il valait mieux ne pas s'y attarder trop longtemps...

Je regardais l'étrange individu s'en aller avec indifférence. Ça devait être cela qu'on appelait "le choc des cultures". Je haussais les épaules, peu m'importait. Je quittais la boutique dans laquelle j'étais, trop fade à mon gout et m"élançais une fois de plus sous la pluie. J'aurais pu utiliser le vent pour me protéger comme je le faisais toujours mais ça aurait semblé suspect, qu'en tee-shirt je ne sois même pas effleuré par la pluie battante. Je me réfugiais dans un magasin d'électronique pour attendre la fin de l'averse.