Dans un contexte de violence, de haine et d’avidité, rares sont ceux qui croyaient encore en l’existence de la compassion et de l’amour. Survivre aux dépends des autres étaient pour la majorité une priorité, essentielle. Je devais avouer qu’après tant de temps passé à côtoyer la mort, l’effet secondaire principal était de devenir insensible, et cela même pour les immortelles. Après tout, ils possédaient l’éternité, de bien des manières, se moquant d’en faire payer leurs entourages, les membres de leurs propres espèces. Pour eux, la vie, était un terrain de jeu, tout bonnement fait pour leurs bons plaisirs, se moquant alors de tout bon sens, de toute logique. Après avoir défié le temps pendant si longtemps, leurs capacités à connaître et reconnaître le bonheur, la joie, l’amour ou l’amitié, a donc pour conséquence de ce dégrader, ou devrais-je dire de disparaître. Ils ne respectaient rien, seulement leurs propres règles, si seulement ils en possédaient des censées !
Il ne faisait pas bon de vivre en cette époque, autant pour les humains que pour les immortelles. Les créatures de Prométhée étaient les premières victimes de ce drame qu’était cette guerre de Titans. Leurs pires cauchemars, se traduisaient par des explications rationnelles, catastrophes naturelles, chimiques, industrielles et parfois même restaient sans explication. Ils préféraient classer sans suite ce pour dont, ils ignoraient la raison. Sage décision. Après tout, s’ils avaient eu vent des créatures mythiques cherchant à s’entretuer, ils auraient signés leur arrêt de mort. Heureusement pour notre espèce qu’il ne s’en tenait qu’à une petite partie de l’Amérique. Bon certes, ce genre d’évènement ou de période existait un peu partout dans le monde, en différentes époques.
A New York, deux grandes familles s’affrontaient. Aussi puissante l’une que l’autre, elles avaient pourtant, dans le passée, entretenues de très bonnes relations. Amicales, courtoises, diplomatiques, mais rien de ce qui avaient été vécu par le passé n’avait laissé entrevoir une quelconque dérive, aboutissant alors à ce terrible combat. Combat qui durait quand même depuis huit années, certes, pour ceux qui possédaient une vie dénuée de temps, cela tenait du ridicule… Mais pour moi qui avais grandie pour une grande partie dans cette hostilité, cela me paraissait interminable, insupportable. Après tout, depuis la mort de mes parents, tout avaient basculé. Mon jeune oncle avait pris la succession de mon père. Il n’avoisinait que les vingtaines d’années d’âge humain, âge de la majorité pour les mâles de notre espèce. Ce qui était donc inédit pour notre milieu, car jamais un être aussi jeune, n’avait pris les commande d’un clan aussi grand que le nôtre. Je le considérai comme mon frère, lui, me considérait à mes dépends comme sa futur compagne, car, malgré qu’il régentait mon clan, je n’en restais pas moi la princesse, celle qui accorderait les pleins pouvoir à mon futur époux, quelque soit la durée de sa vie.
Il n’empêche, malgré que je ne souhaitais plus que tout la fin des affrontements, je ne pouvais m’empêcher de reprocher à nos ennemis d’avoir mis un terme à l’existence de mes parents. Eux qui me manquaient cruellement, eux dont le souvenir ne ternirait jamais dans mon esprit, aussi longtemps que je continuerai d’exister. Je haïssais plus que tout le clan adverse et d’autant plus la famille qui régnait sur eux. Mais je ne pouvais également plus supporter la souffrance de mon peuple. N’étais-je pas censée les protéger ? Leur faire vivre une existence heureuse et paisible ? J’avais beau prier mon oncle, Nate, de faire cesser les combats, je n’arrivai jamais à lui faire entendre raison. Parfois, je doutai même de ses véritables raisons à faire durer cette guerre sanglante, mais dés que ce doute m’effleurait l’esprit, j’entreprenais immédiatement de le faire disparaître. Après tout, il était tout ce qu’il me restait, ma seule famille.
Perdue, et meurtrie par les perte récente de certains membres de mon clan, j’entrepris de me rendre moi-même sur le front, une manière d’affirmer mon soutient et de la compassion envers mon peuple. Malgré l’interdiction qu’avait ordonné Nate, c’est, contre son gré, et contre le système de surveillance qu’il avait mis en place (des gardes à pertes de vue), que je m’enfuie. Je savais que mes raisons étaient suffisamment bonnes pour oser lui désobéir.
Je me rendis donc au campement SUD. A peine avais-je passée deux heures à cet endroit, qu’il fût victime d’une embuscade. J’avais lutté, j’avais combattue, en vains, aucun n’y survirent, sauf moi. Pourquoi ? Comment ? La seule chose qui me restait en mémoire était que j’avais reçue un sérieux coup à la tête, tombant dans un fossé, broussailleux, à l’abri des regards. Pleurant une nouvelle fois la perte d’une partie de ma vie, de la raison même de mon existence, je me maudis moi-même, pour mon inutilité. L’endroit était sombre, emplis de fumé lié aux combat, feu crépitant sous l’odeur des corps calcinés, feu qui les achevaient. Arme, qui, scellaient, et scelleraient notre destins à tous.
A peine remise, de manière précipitée, de la douleur de perdre une partie de soi même, je me résignais à rejoindre le campement opposé à celui-ci. Je devais sonner l’alerte, prévenir Nate. C’est donc par des chemins sombres et détournés que j’entrepris d’atteindre mon but. C’était sans compter les complications, au milieu de mon trajet, à l’abri de toute civilisation humaine ; endroit où, seuls les êtres dominants la nuit existaient. Les vampires défiants l’autorité suprême de ma famille, m’attaquèrent. Ils étaient trois. Seuls deux m’assaillirent, je me débattis, sorti mes crocs. Je réussie à en décapiter un, « un homme ». Geste futile, et inutile puisque cela ne l’immobilisa que quelques minutes. La femme qui restait légèrement en retrait dans ses attaques se mit à parler :
-Alec tu ne viens pas jouer ? Regarde comment elle se défend, on dirait un petit chaton! Elle rit, sa chevelure sauvage, d’un blond proche du roux dansait tel la crinière d’un lion, tendis que je me défendais, sentant peu à peu mon énergie s’amoindrir.
-C’est vrai Alec, y’en a marre ! Depuis le début du conflit tu ne fais aucun effort pour t’éclater ! Fais comme nous ! Le second homme s’adressa à celui que je distinguais, malgré la distance et la noirceur de la nuit, parfaitement. Cet enfoiré qui se permettait de discuter me réduisait à néant au sol, impuissante. Cependant, j’aperçu son visage, son regard était effrayant, d’un vert venimeux, sous des mèches d’un noir jais.
-Elle n’est qu’une enfant… Bon finissons en… Cet homme, Alec, venait apparemment de décréter ma mort, aussi bizarre qu’était sa manière de se tenir en retrait, sans même prendre de plaisir à me voir souffrir sous les coups de ses acolytes, il venait de dire cela tel qu’elle relevait de l’habitude.
-Non !!!!Dans un dernier crie de désespoir, j’espérai qu’il percevrait ma douleur de me voir quitter ce monde à tout jamais.

C’est donc dans l’inconscience de la mort que se renforça ma haine…