Chapitre 1
[ Souffrance]
La douleur m’arracha un cri en me réveillant. J’ouvris les yeux en laissant mon hurlement de douleur se perdre dans la nuit. J’entendis des bruits de pas, et la lumière du couloir s’alluma. Mais, je ne prêtais pas attention à tout cela, la douleur omnubilait toutes mes pensées rationnelles. Le feu se répandait, déchirant mes poumons, embrassant chacun de mes muscles, menaçant de faire imploser ma tête douloureuse. Je me tendîs, tentant de me raccrocher à quelque chose avec mes mains. Je plantais mes ongles dans mon matelas en serrant les dents pour ne plus crier. Les larmes brouillaient ma vue si bien que je ne savais pas lequel de mes deux parents était rentré dans la chambre. Et cela m’importait peu. Je faisais des mouvements brusques avec mes jambes comme pour chasser le feu qui brulait toujours plus intensément en moi. Je poussais des gémissements plaintifs à chaque nouvelle explosion intérieure. Je me sentais nauséeuse. Je me tournais sur le côté, là où, apparemment ma mère, me tendait le seau. Je vidais mes entrailles et me recroquevillais secouée de tremblements violents tandis que la douleur s’évaporait aussi vite qu’elle était venue.
J’avais si chaud que ma chemise de nuit collait à mon corps meurtri comme une seconde peau. Ma mère posa sa main sur mon front, le contact glacé m’apaisa un peu. Je jetais un regard à ma mère, elle fronçait les sourcils et se mordait la lèvre, comme chaque fois qu’elle était sur le point de pleurer. Je m’en voulus d’avoir crié, j’aurais dû rester silencieuse. J’attrapais son poignet et enlevais lentement la main de mon front :
« Tout va bien maman… tout va bien… » tentais-je de la rassurer. Mais ma voix tremblait, encore chamboulée par la crise de douleur qui m’avait consumée. Elle craqua et se mît à pleurer, enfouissant sa tête dans ma couverture. Pourquoi était-ce à moi d’être courageuse dans une telle situation ? Je me redressais lentement, faisant mine d’ignorer l’élancement de mes bras et jambes. Je caressais les longs cheveux de ma mère, comme je l’aurais fait pour réconforter une petite fille :
« Je vais bien, je te le promets. » Elle releva vers moi ses yeux remplis de larmes :
« Pourquoi fallait-il que ça t’arrives à toi ? Pourquoi mon bébé ? » Ne comprenait-elle pas que ses paroles me blessaient ? Que le fait qu’elle refuse d’accepter ce que j’étais en train de devenir c’était refuser de m’accepter ,moi ? Je ravalais mes larmes et lui souriais :
« Vous n’aurez bientôt plus à vous souciez de moi. Tu seras bientôt heureuse maman, c’est promis. » Elle aquiesça et cela me déchira le cœur, mais elle avait le droit de ne plus vouloir avoir à me supporter. Elle devait se consacrer sur Jenny, moi je n’étais qu’une erreur de parcours qui devait être effacée.
« Va te recoucher maman. » la priais-je avec la voix la plus douce que je pouvais adopter.
« Vas, papa doit t’attendre. » Elle se redressa et alla vers la porte. Elle se retourna, semblant vouloir dire quelque chose. Mais elle se ravisa et disparut.
Ses paroles résonnaient toujours dans mon esprit. Et ses larmes me torturaient. Etais-je vraiment la cause du malheur de celle qui m’avait mise au monde, de celle qui m’avait donnée la vie ? Etais-je en droit d’exiger d’elle qu’elle m’acceptes telle que le monstre que je n’allais pas tarder à devenir ?
« Pourquoi moi ? » Qu’avais-je fait de mal ? Au fond, je ne m’étais jamais démarquée. Je n’avais pas été la plus brillante des enfants, mais je n’avais pas été un cancre non plus. J’aurais pu passer mon adolescente à eprouver les règles et à me rebeller mais j’étais restée calme tout ce temps, et maintenant, à dix-sept ans, j ‘étais condamnée à devenir le monstre que je m’étais toujours assurée de ne jamais devenir.
Je me levais et marchais douloureusement jusqu’à mon bureau dont j’ouvris le tiroir central. J’en sortais la lettre que j’avais relue tant de fois avec toujours autant d’incrédulitée. Y tronaît un unique poème, issue de l’Encyclopédie du Mystique. J’avais aussitôt compris ce qui allait m’arriver, et je l’avais accepté. Après tout, depuis notre enfance on nous répétais d’être « sage » pour s’assurer de ne pas faire partit de ceux qui seraient amenés à se transformer. C’était un mensonge, j’avais étée marquée, sans jamais avoir rien fait qui puisse m’être repproché. J’allais devoir rejoindre la Communauté d’ici peu. Dès qu’un
Marqueur serait venu me chercher. A cette pensée j’eu un frisson. Je n’avais jamais vu de
Marqueur et c’était l’une des situations que personne ne souhaitait connaître.
J’ôtais ma chemise de nuit et commençais à m’habiller, je ne pouvais jamais me rendormir après une crise. Avant de boutonner mon chemisier, je jetais un œil à mon ventre, un peu en dessous de ma poitrine. Ma marque aurait presque pu passer pour un bleu si les trois traits qui la composaient n’avaient pas étés parfaitement droits et parallèles. Cela ressemblait à une griffure mais elle n’avait aucune profondeur, elle s’étalait tel un tatouage à l’encre bleue jusqu’à mon nombril. Je passais mes doigts sur les traits, presque machinalement, et poussais un profond soupir.
Je finissais de m’habiller et sortais sur le perron. Je vérifiais que la lumière de la chambre de mes parents était éteinte et, sautant par-dessus le muret qui séparait la maison de la rue, je partis pour une de mes fréquentes escursions nocturnes.
Le ciel était d’un noir d’encre si profond que je m’étonnais de pouvoir si bien regarder devant moi. Je remarquais alors la lune, ronde et parfaite, aussi brillante que des milliers d’étoiles, me surplombant de toute sa splendeur. Il semblait si attirant, à la regarder, de devenir une créature de la nuit.
FIN chapitre 1 : souffrance
[Je verrais ce que je peux faire pour tes vampires Célia, mais je ne te promets rien^^]
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